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C’est avec une immense fierté que nous partageons aujourd’hui un moment marquant pour notre codirectrice artistique, Kristelle Holliday, lors de la célébration de sa graduation, tenue à New York le 10 décembre 2024.

Eh oui ! En plus de nos activités régulières, Kristelle a trouvé le temps, cette année, de compléter son MBA en Innovation des arts. Bien que la cohorte de 65 participants ait été internationale, avec 32 pays représentés, une douzaine se sont réunit dans la grande pomme pour vivre l’expérience de la graduation ensemble.

Avec l’une de ses collègues, Nicole de Weever, originalement de Sint Maartens, elles ont eu l’honneur d’être nommées par leur cohorte pour prononcer ensemble le discours de graduation lors de la cérémonie.

On vous dépose son texte ici.

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Mon beau-frère a terminé son MBA (filière finance) il y a quelques années et m’a partagé quelques réflexions avant de commencer le cursus. Il m’a dit que les connaissances acquises pendant un MBA seraient probablement, peut-être, utiles, mais que la véritable richesse d’un MBA réside dans ce qui émerge des conversations, des relations que l’on développe et de l’écosystème dans lequel on s’immerge. Je ne pensais pas que cela s’appliquerait à nous, en supposant qu’un programme virtuel, avec des contacts en ligne, offrirait des opportunités limitées pour des connexions significatives. 

Je n’ai jamais eu autant tort.

Petit aparté.
Il y a quelque chose de très spécial à entamer des études supérieures en tant qu’étudiant mature. Quelques exemples : les deux premières fois, j’étais au bar de l’association étudiante plusieurs fois par semaine. Cette fois-ci, j’ai arrêté de boire temporairement, simplement pour survivre à la charge de travail. Moi, à 20 ans, aurait probablement regardé cela avec horreur. Comment ça, tu arrêtes de boire ? Ce n’est pas justement ce qui aide à tenir le coup ? Autre exemple : lors de mes premières remises de diplômes, je les boycottais. Je n’en voyais pas l’intérêt. Aujourd’hui, je ne pourrais pas être plus fière d’être ici. J’ai appris à apprécier les rituels et à comprendre que, dans cette vie effrénée, trouver le temps de célébrer est bien plus significatif que de bouder sous prétexte qu’on doit s’habiller de manière « formelle » ou « professionnelle ».

Il y a cependant un point commun entre mes premières années d’études et cette période-ci : la guerre en toile de fond. En 2003, c’était la guerre en Irak. Comme nous le savons tous, cette fois, c’est le conflit au Moyen-Orient, qui affecte des vies, menace les droits humains et révèle, même au sein de notre communauté de MBA, des divergences profondes. Je n’ose imaginer ce qu’est la vie dans un pays en guerre. Je ne peux pas concevoir l’angoisse, la douleur, ce sentiment écrasant d’injustice. Ce que cette année m’a appris, c’est que je ne sais pas non plus comment gérer les conflits. Mais j’ai été inspirée par le courage, l’empathie et la capacité de certains à provoquer, questionner et apaiser.

Cela a également remis en question ma foi jusque-là inébranlable dans le pouvoir de l’art pour le changement social. Je croyais que notre domaine avait les réponses à tout, que les artistes étaient des ingénieurs de l’imaginaire, capables de guider le monde. Parfois, je n’en suis plus certaine. 

Nous nous sommes rencontrés dans des salles Zoom, lors de groupes de discussion, d’études de cas, de sommets sur l’innovation, dans des colocations, autour de dîners chez les uns et les autres, et parfois par hasard. Pendant un an, nous avons appris à nous connaître et à découvrir que, dans notre communauté, nous avons :

  • Les artistes
  • Les rêveurs 
  • Les optimistes 
  • Les leaders 
  • Les francs-tireurs 
  • Les perturbateurs 
  • Les agitateurs 
  • Les contestataires 
  • Les laissés-pour-compte 
  • Nous avons les prédicateurs 
  • Les révolutionnaires 
  • Les tenants de la loi et de l’ordre 
  • Ceux qui s’en tiennent aux règles 
  • Les personnes au grand cœur 
  • Les leaders religieux 
  • Nous avons ceux avec qui nous sommes amis 
  • Et ceux que nous devons encore découvrir 
  • Ceux qui veulent être ici 
  • Ceux qui ne veulent pas 
  • Ceux qui nous irritent 
  • Ceux que nous irritons 
  • Ceux qui provoquent 
  • Ceux qui sont des phares de lumière, dont nous retenons les paroles et les actions et que nous laissons nous guider.

Chacun de ces individus nous a poussés à briser notre propre bulle, à nous dépasser, à nous défier et à construire ensemble une véritable communauté.

En début d’année, j’étais convaincue par le titre de notre programme : Global Leaders for Arts Innovation. Je croyais fermement à la partie « Innovation artistique », et je le crois toujours. Mais ce qui me paraît aujourd’hui vital et urgent, c’est le mot « Global ». Dans un monde aussi divisé, comment réapprendre à partager un repas avec son voisin ? Pourrions-nous, au moins dans notre propre communauté, continuer à nous tendre la main, à nous parler, à nous soutenir, à travailler ensemble et, parfois, simplement à nous accorder un moment de répit ?

Pour conclure, revenons à mon beau-frère. Il avait raison, bien sûr. Je suis émerveillée par les conversations profondes et authentiques que nous avons eues, individuellement et collectivement. Je suis touchée par les expériences partagées, émue par les amitiés qui se sont nouées, et surtout, je suis en admiration face aux projets qui naîtront grâce à cette brillante réunion d’esprits.