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Par un bel après-midi printanier, je pars à la rencontre d’oiseaux enchanteurs sur le sentier pédestre du marais Réal-D.-Carbonneau. Souvent de passage, plus de 175 espèces y ont été répertoriées au fil des années. Le petit blongios, le plus petit membre de la famille des hérons en Amérique du Nord, aime particulièrement cet endroit.  Il y a très peu d’endroits au Québec où l’on peut l’observer.

Peut-être fraternise-t-il avec la plus grande héronne, personnage de la pièce de théâtre « MMMMMMM comme les oiseaux » qui verra le jour au printemps 2025 dans le cadre du Projet Territoires? À la découverte de ce site magnifique et des milliers d’êtres vivants qui y habitent!

La naissance du marais

Saviez-vous que le Marais Réal-D.- Carbonneau (anciennement appelé le marais St-François) est le seul milieu humide situé dans la ville de Sherbrooke? Cet écosystème occupe une surface d’environ 40 hectares, et plus d’une quinzaine d’espèces de mammifères y vivent, ainsi qu’une cinquantaine d’espèces d’arbres et arbustes. Mais ce territoire n’a pas toujours été un marais, c’est par la force des circonstances qu’il en est devenu un.  Il fut longtemps un site d’enfouissement et une partie servait de champ de tirs pour l’armée canadienne. Le stationnement, quant à lui, était une ferme agricole. En 1953, un ruisseau se bouche et l’eau de poubelle s’y accumulera : c’est là que naît tranquillement le marais!

Suite à l’extraction de 50 tonnes de déchets en 1996, le premier recensement d’oiseaux voit le jour.  Réal D. Carbonneau et plus de 100 bénévoles travaillent à nettoyer le site. Encore aujourd’hui, des déchets sont enfouis sous terre. Par un procédé de cheminées d’air, ils ont fait sortir le gaz et cela a permis la désintoxication graduelle de l’endroit.

Réal D. Carbonneau : un ardent défenseur de la nature!

Anciennement appelé « Marais St-François », il prendra le nom de « Marais Réal D-. Carbonneau » en 2005, suite au décès de ce dernier. Directeur régional de la Société de la faune et des parcs et pro-actif dans la réhabilitation du marais, Réal s’intéresse à l’environnement depuis son tout jeune âge. Il travaillera, entre autres, sur l’adoption de lois visant à protéger la faune et la flore. Au cours des dernières années de sa vie, il a siégé au Conseil d’administration de CHARMES (Comité d’hygiène et d’aménagement des rivières Magog et St-François). L’organisme, qui n’existe malheureusement plus, était notamment responsable de la protection, de la surveillance et de l’aménagement des rivières Magog et Saint-François dans le périmètre de la ville de Sherbrooke et leur mandat s’élargissait à un niveau éducatif.

Crédit photo : Julie Paquette, Sherbrooke, Le petit blongios

L’observation de la nature

Le site du marais, avec ses sentiers sur pilotis, permet de faire des randonnées pédestres sur environ 2 km. Y avez-vous déjà croisé une tortue serpentine? C’est la plus primitive de toutes les tortues d’eau douce en Amérique du Nord. Elle a une queue pourvue d’épines et sa carapace peut aller jusqu’à 50 cm! Elle joue un rôle important dans la propreté des eaux. Elle aime particulièrement le marais Réal. D.-Carbonneau parce que les eaux y sont peu profondes et à fond boueux. Elle est omnivore et se nourrit d’amphibiens, d’invertébrés et d’oiseaux.

Les oiseaux, quant à eux, sont prisés par les visiteurs. La Société d’ornithologie de l’Estrie (SLOE) organise des visites pour des groupes de citoyens, permettant d’observer de près les différentes espèces sur ce site. « Observer la nature te donne une idée sur la santé des lieux. », mentionne Denis Boisvert, vice-président de la SLOE. C’est à un jeune âge qu’il commence à s’intéresser à l’observation des oiseaux. L’étalement urbain, la réduction de son empreinte écologique, le comportement des humains, tout ça l’interpelle, dû à sa proximité avec la nature. D’ailleurs, cette proximité à la nature fait dorénavant partie du plan de développement des élèves dans certaines écoles. La SLOE a reçu un groupe d’élèves au marais l’année dernière pour se familiariser à la biodiversité de l’endroit et en apprendre davantage sur les sciences naturelles.

Le petit blongios : le plus petit des hérons!

Il y a très peu d’endroits au Québec où l’on retrouve le petit blongios. L’un de ses endroits favoris : le marais Réal D.-Carbonneau! Mais pourquoi choisit-il ce petit marais sherbrookois? Le petit blongios est le plus petit membre de la famille des hérons en Amérique du Nord. Il mesure environ 30 cm et pèse 5 fois moins qu’une livre de beurre! Il aime les quenouilles et les plantes de grande taille. Il y aurait environ de 200 à 300 couples de petits blongios dans la province de Québec, particulièrement sur le bord du fleuve Saint-Laurent, dans le sud de la province. Nous sommes donc très chanceux de le compter parmi nous!

Doit-on nourrir les oiseaux?

Au marais Réal.D-Carbonneau, il n’y a aucune enseigne « Ne nourrissez pas les animaux », comme on peut parfois le voir dans certains parcs ou forêts.

Les visiteurs du marais nourrissent bien les oiseaux. Ils leur donnent des graines de tournesol. Pour cette raison, on ne met pas de pancartes. Le jour où certains donneront du pain- ce qui est très néfaste pour la santé de l’oiseau- nous en mettrons une, mais ce jour n’est toujours pas arrivé, souligne Monsieur Boisvert. Selon certaines études, l’oiseau prend de 5 à 10% de sa nourriture dans les mangeoires, il est donc bien capable de se passer des humains, ajoute-t-il.

Patrice Bourgault, docteur en biologie détenant une spécialité en écologie animale et conservation de l’université de Sherbrooke, affirme que les oiseaux n’ont pas «besoin» d’être nourris. «Ils sont bien capables de trouver eux-mêmes leur nourriture. Il n’y a donc pas nécessité à l’alimentation. Cependant, l’observation d’oiseaux aux postes d’alimentation est une activité intéressante, populaire et enrichissante qui amène de nombreux avantages (sensibilisation à la biodiversité et contact avec la nature). Il y a toutefois des risques liés à cette activité. Par exemple, la concentration d’oiseaux à une mangeoire est clairement artificielle, ce qui cause parfois l’accélération de la transmission de maladies (mycoplasmose aviaire) présentes de façon naturelle dans certaines populations.  

La visite des castors au marais

Le marais Réal-D. -Carbonneau fait face à un enjeu de taille actuellement. Un couple de castors et ses petits logent sur ce territoire et élèvent le niveau d’eau. Devraient-ils les « trapper » afin que cet emplacement puisse continuer d’être un sentier pédestre pour les citoyens, ou les laisser jouer leur rôle? Dans le dernier cas, qu’adviendrait-il de ce lieu?

Nous savons que le castor est un animal essentiel à l’ère des changements climatiques, car il crée des milieux humides pour d’autres espèces en construisant des barrages, améliore la qualité de l’eau, stocke l’eau durant les sécheresses ce qui réduit le risque d’inondation.

L’impasse!

Heureusement, une plante envahissante (phragmite) présente sur les lieux ralentit l’élévation du niveau d’eau, mais elle est aussi problématique. Les espèces exotiques envahissantes constitue la deuxième cause majeure d’érosion de la biodiversité après la destruction des habitats. Alors, comment devrait-on agir?

«Trapper le castor est une solution appropriée, utilisée lorsqu’il y a conflit dans les usages. Ici, il y a clairement un conflit entre l’utilisation humaine du site, d’où la solution raisonnable de trapper l’animal. Il y a d’autres solutions, mais chaque contexte a sa solution. Dans un contexte comme celui-ci, une analyse rigoureuse a été menée avec les spécialistes de la gestion de la faune. La meilleure solution a donc été choisie en fonction de ce contexte particulier», mentionne Patrice Bourgault.

L’héronne dans la pièce de théâtre « MMMMMMM comme les oiseaux! »

Dans le cadre du projet Territoires, projet visant à s’interroger sur la place de l’humain dans l’environnement et notre lien à la nature, une nouvelle création de théâtre de paysage verra le jour au printemps 2025 et sera présentée en pleine nature.

Dans cette œuvre théâtrale, nous faisons la rencontre d’un personnage:  la grande héronne. Celle-ci avait l’habitude de voler et de se poser aux bordures des rivières Magog et Saint-François. Un beau jour, l’oiseau disparut. Plus rien. Et puis, des ouï-dire; l’héronne reviendra-t-elle un jour? Est-elle toujours vivante?

À l’ère des changements climatiques, que nous raconte l’héronne sur notre fragilité et celle des autres?

Dans cette perspective, le projet Territoires souhaite être un moteur de changement par le biais d’une pluralité d’activités citoyennes de toutes sortes : des promenades, des ateliers, des conférences-provocations.

Crédit photo : Yves Guillot, Sherbrooke, Le grand Héron

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écrit par Geneviève Kiliko

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Merci à SLOE pour les photos dans cet article provenant de leur banque d’image.